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Analysons le principe de ces produits nicotiniques et ce qu’en dit la législation européenne.
Les deux produits : pouches et snus, sont semblables en raison de leur conditionnement en petits sachets blancs. L’intérêt de ce format est de diffuser de la nicotine à travers la muqueuse bucco-gingivale et d’éviter le phénomène de combustion nocive pour la santé. En d’autres termes, les nicopods et les snus sont exclusivement conçus pour les anciens fumeurs en phase de sevrage ou à la recherche d’une alternative à la cigarette.
Remarque importante : les femmes fumeuses s’exposent aux mêmes risques pour la santé que les hommes, mais encourent des risques supplémentaires spécifiques. Mesdames, faites-vous accompagner pour arrêter de fumer !
Contrairement aux snus (qui créent les fameuses taches jaunes sur les dents), les pouches de nicotine ne contiennent pas de tabac. Ils sont composés de fibres naturelles, d’arômes et de nicotine. Pour simplifier, le snus est un dérivé du tabac, alors que la pouche est un substitut comme les patchs (gommes à mâcher et autres dispositifs de vapotage), mais n’est pas sans risques…
Bon à savoir : les snus sont interdits en UE, excepté en Suède, malgré la possibilité de les trouver facilement sur Internet ou dans des pays non membres (Suisse et Norvège).
En quoi la dose de nicotine contenue dans les sachets représente-t-elle un danger pour la santé et pourquoi les autorités sanitaires alertent-elles sur le sujet ?
Le danger des pouches réside dans leurs teneurs en nicotine. Théoriquement, ils contiennent entre 3 et 6 mg de nicotine par sachet (l’équivalent d’environ 2 cigarettes), mais en pratique, ces sachets de nicotine délivrent une dose de nicotine beaucoup plus importante. En effet, jusqu’à 20 mg (l’équivalent de 6 cigarettes) peut être délivré selon certaines marques contre 1 à 3 mg pour une cigarette classique. Ancien fumeur, prenez garde !
Sur le papier, les pouches de nicotine ne représentent pas de dangers pour la santé. En raison de l’innocuité des sachets nicotinés, l’Anses tire pourtant la sonnette d’alarme suite aux nombreux cas d’intoxication recensés, et chez les jeunes en particulier.
Bon à savoir : le nombre d’appels aux centres antipoison concernant ces produits est passé de 3 en 2020, à 86 en 2022.
La majorité d’entre eux, âgés entre 12 et 17 ans, ont consommé intentionnellement ces produits et ont présenté des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères. Il est question de vomissements prolongés avec risque de déshydratation, de convulsions, de troubles de la conscience, d’hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire.
Remarque : depuis 2020, l’Anses observe une nouvelle source d’accidents domestiques avec les billes aromatiques à insérer dans le filtre de cigarette, apparues depuis que les cigarettes à rouler avec arômes sont interdites à la vente.
Selon le ministère de la Santé et les professionnels du secteur concerné, les pouches de nicotine et les sachets de snus peuvent entraîner (chez les jeunes comme chez les adultes) plusieurs risques comme :
Comment les industriels de produits nicotiniques œuvrent-ils dans leur stratégie marketing pour cibler les jeunes ?
Les pouches de nicotine sont présentées comme des bonbons enrobés d’un emballage coloré. Ces produits séduisent par leur aspect ludique et attrayant. Pourtant, ce n’est que de la manipulation marketing pour séduire les plus jeunes. Les sachets nicotinés sont même déclinés en différents arômes (cola, fraise, Piña colada…) ! Avec ce packaging bien pensé et ses goûts déclinés, les ados sont clairement visés.
La nicotine, donnée à un cerveau d’adolescent qui n’est pas terminé, a l’effet d’une bombe. Plus la dépendance intervient tôt, plus elle favorise le passage à la cigarette selon les professionnels de santé. Les sachets de nicotine, comme la puff et la cigarette électronique, peuvent être un tremplin pour fumer à un âge précoce en raison de l’addiction à la substance.
Via les réseaux sociaux, les industriels promeuvent les pouches de nicotine et impactent la perception des jeunes vis-à-vis de ces produits. Ils les rendent tendance et jouent sur le besoin d’appartenance. Le fait de rejoindre un mouvement
en vogue, à l’instar des fameux pokes “tiktok”, lanceurs de tendances, plus ou moins éphémères.
Ce phénomène gangrène les plateformes de communication puisque “19% des 13-16 ans disent déjà avoir entendu parler des sachets de nicotine tels que nicopouches et, parmi eux, près de 1 jeune sur 10 les a déjà expérimentés (9 %)” selon le communiqué de l’Alliance contre le tabac publié le 14 novembre 2023.
Pourquoi dit-on que les sachets nicotinés se situent en zone juridique grise et quelles sont les mesures de prévention contre leur usage ?
Contrairement aux dispositifs de vapotage comme l’e-cigarette en entreprise ou dans les lieux publics, les pouches de nicotine ne bénéficient pas d’une réglementation claire. Le flou juridique s’installe : c’est ce qu’on appelle une zone juridique grise. En effet, les fabricants n’ont aucune obligation de déclaration sur le contenu des sachets nicotinés. Aucune information relative aux nico-pouches n’est donc disponible.
Aujourd’hui, aucun texte de loi officiel n’indique si les sachets nicotinés sont interdits ou illégaux. Toutefois, le Comité National Contre le Tabagisme rapporte que les pouches sont commercialisées « légalement » en France mais représentent tout de même un danger. En effet, ils sont en vente libre et tout le monde peut en acheter ! Pour protéger les jeunes, la vigilance est donc de mise. Il est primordial de clarifier et renforcer la législation concernant les pouches et autres produits nicotiniques pour mettre en place un cadre réglementaire et (surtout) des contrôles.
Il est urgent de sensibiliser les professionnels de santé, le corps éducatif et l’entourage des jeunes à ces risques liés à l’exposition à la nicotine. En plus de suivre les recommandations des autorités sanitaires, le fait d’en discuter, c’est informer et prévenir des dangers. Alors, n’hésitez pas à en parler !
Bon à savoir : les emballages de ces produits comportent des dessins de fruits aux couleurs vives et ne sont pas munis de fermeture de sécurité : un risque supplémentaire pour les plus petits d’en ingérer… Veillez à les tenir hors de portée des enfants.
Le ministère de la Santé a affirmé prendre ses responsabilités le 14 novembre 2023 pour interdire ces produits considérés comme dangereux et en particulier auprès des jeunes et des adolescents qui en sont la cible marketing. Cette nouvelle façon de recruter de futurs fumeurs de tabac (avec une addiction à la nicotine qui s’installe rapidement et des intoxications avérées), n’est plus à démontrer. Tout comme les puffs, les sachets nicotinés auront donc le même destin !