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Les deux termes renvoient à une notion de déficience visuelle : selon son degré de sévérité on parlera plutôt de cécité ou de malvoyance. Cette dernière est elle-même variable et peut aller d’une déficience légère à une perte de la vision presque totale.
Ces différents stades de déficiences visuelles sont décrits précisément par l’Organisation mondiale de la santé (11ème classification internationale des maladies de 2018) :
Selon les cas, la perte de vision peut être brutale ou progressive, être congénitale ou résulter d’une maladie, d’un accident ou de l’âge.
Il s’agit donc d’un handicap aux contours très larges. L’OMS prévoit d’ailleurs un doublement du nombre de déficients visuels d’ici 2050, notamment en raison du vieillissement de la population. D’où l’enjeu important des progrès et autres avancées technologiques en la matière.
L’écriture braille est inventée en 1829 par Louis Braille. Elle est encore aujourd’hui le moyen de communication incontournable des aveugles et malvoyants.
Né en 1809, Louis Braille devient aveugle à l’âge de 3 ans. Il fait ses études dans une institution spécialisée qui utilise un alphabet en relief. Mais cette méthode n’est pas optimale.
En 1821, il fait la connaissance de Charles Barbier de la Serre qui présente à cette école un nouveau système : la sonographie. Il s’agit de la transcription de sons à l’aide de points en reliefs lisibles aux doigts.
Mais ce système reste simpliste et ne comporte ni grammaire, ni orthographe, ni chiffres. Pour Louis Braille cela empêche les aveugles d’accéder véritablement à la connaissance et au savoir.
Il entame alors des années de recherches pour améliorer l’invention de Charles Barbier de la Serre et met au point, à seulement 20 ans, l’écriture braille que nous connaissons aujourd’hui.
Le braille permet de lire et d’écrire grâce à des points en relief. Il fait donc appel au sens du toucher de la personne.
Concrètement, ce système repose sur la cellule braille composée de 6 points en reliefs, disposés en deux colonnes de 3 points. Elle offre ainsi 63 combinaisons possibles ce qui permet d’inclure la ponctuation et les lettres accentuées. Elle peut également être utilisée pour l’écriture musicale ou mathématique.
Le braille est aujourd’hui utilisé partout dans le monde. Outre les livres, il est utilisé sur quantité d’objets afin de permettre leur utilisation par les aveugles : montres, jeux, appareils de mesure, distributeurs de billets, bornes d’information, description d’œuvres au musée, etc.
Si le principe du braille n’a pas bougé depuis presque 200 ans, il a néanmoins connu quelques évolutions notamment quant aux supports utilisés. Mais avec l’essor du numérique et des nouvelles possibilités de communication, le braille a-t-il encore un avenir ?
Au 19ème siècle, le braille s’écrivait à l’aide d’une tablette en bois et d’un poinçon. Les premières machines à écrire en braille, avec 6 touches correspondants aux 6 points du braille, apparaissent dès 1892. Ces deux procédés sont toujours utilisés aujourd’hui même si les supports ont évolué, la tablette métallique ou plastique ayant notamment remplacé le bois.
Le développement de l’informatique a également contribué à développer et faciliter l’usage du braille.
À partir des années 1950, les premiers programmes de transcription de textes en braille apparaissent.
Dans les années 1980, l’essor de l’utilisation grand public des ordinateurs permet une autre avancée majeure : la création de la barrette tactile en braille. Cette réglette munie de picots rétractables se branche sur l’ordinateur et convertit les caractères à l’écran en caractères braille. Une innovation qui permet aux malvoyants d’accéder pleinement aux possibilités offertes par le numérique, notamment l’utilisation de logiciels et l’accès à internet.
Dernière nouveauté en date, le développement d’une tablette numérique en braille par une start up autrichienne. Elle s’appuie sur une technologie à base de liquide qui peut créer des reliefs en braille mais aussi des graphiques et des cartes.
Même si le braille évolue, ne risque-t-il pas d’être supplanté par d’autres technologies ?
Pour beaucoup de professionnels du secteur apprendre le braille reste indispensable. Il s’agit de la base de l’intégration des malvoyants dans la société et la clé pour éviter un chômage encore trop présent. Selon Noëlle Roy, conservatrice du musée Valentin Haüy, l’usage du braille a en effet permis « l’émergence d’une élite active dans une culture dominante fondée sur l’écrit ». Pour Thibault de Martimprey, vice-président d’apiDV, ceux qui connaissent le braille ont plus de chances d’exercer un métier.
Il s’agit donc de faire du braille et des autres progrès informatiques et numériques des outils complémentaires.
On peut noter par exemple l’avancée des technologies de commandes vocales (description auditive d’un site internet, commandes audios sur les smartphones, ordinateurs…). D’autres innovations, comme l’Eyering, permettent de scanner le texte quand le doigt de la personne avance sur la page et de le lire à voix haute en temps réel.
Microchirurgie, implants rétiniens, cellules souches… de nombreuses avancées permettent aujourd’hui à certains malvoyants d’améliorer leur vision.
Il s’agit d’un implant fixé sous la rétine qui stimule les neurones rétiniens afin que la personne puisse percevoir à nouveau les signaux lumineux. Cette méthode fonctionne uniquement chez les patients dont le nerf optique est toujours fonctionnel. Elle est pour l’instant utilisée pour traiter la rétinopathie pigmentaire.
L’objectif est de remplacer les cellules rétiniennes endommagées. Cette méthode est encore en phase d’essai chez l’animal. Si elle a déjà montré l’absence d’effets indésirables notables, son efficacité thérapeutique doit encore être confirmée.
Des essais sont en cours pour traiter certaines maladies génétiques de la rétine et du nerf optique. Il s’agit notamment de transformer des cellules de la rétine en cellule photoréceptrices. Il est encore trop tôt pour apprécier son efficacité.
Une dernière génération de lunettes permet notamment d’augmenter la taille des images ou d’améliorer les contrastes. Une commercialisation est prévue d’ici un an, à l’horizon 2024.
Plus de 600 000 chirurgies de la cataracte ont lieu chaque année. Les progrès récents en la matière permettent une plus grande efficacité et moins de douleurs pour les patients.
Le glaucome est également traité efficacement par microchirurgie en cas d’échec du traitement médicamenteux ou du laser. Toutefois, l’opération ne permet pas de récupérer les capacités visuelles déjà perdues.