Infarctus du myocarde au féminin : prendre soin du cœur des femmes

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Halte aux idées reçues ! L'infarctus du myocarde n'est pas réservé aux hommes. En France et dans le monde, ce sont les femmes qui paient le plus lourd tribut aux maladies cardiovasculaires. Elles sont devenues la première cause de mortalité féminine, avant les cancers.
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Infarctus et AVC en tête, les maladies cardiovasculaires tuent chaque année 75 000 Françaises, soit plus de 200 par jour, contre un total de 65 000 hommes.

Les mauvaises habitudes de vie, en augmentation chez les femmes depuis plusieurs années (sédentarité, alimentation, tabac, stress…), associées aux incidences hormonales des différentes étapes clés (contraception, grossesse, ménopause) ont fait exploser le nombre d’accidents cardiaques et vasculaires. Avec la crise de la Covid-19, ces chiffres se sont encore accentués. La population féminine se retrouve touchée de plus en plus jeune.   

Comment reconnaître les symptômes de l’infarctus du myocarde au féminin ? Quels sont les facteurs de risque ? Pourquoi parle-t-on de perte de chances chez les femmes ? Comment prévenir les infarctus quand on est une femme ?

Les femmes, les grandes oubliées des maladies cardiovasculaires

Problème de santé publique méconnu et peu médiatisé, les infarctus féminins sont cependant en constante augmentation. Qu’est-ce que l’infarctus du myocarde ? Pourquoi touche-t-il tant les femmes ?

C’est quoi un infarctus du myocarde ?

Le cœur est un muscle essentiel. Il est le principal organe vital du corps humain. Il assure le rôle de pompe pour permettre au sang rempli d’oxygène de circuler et de faire fonctionner tous les autres organes. Mais le cœur est aussi un gros consommateur de cet oxygène. Il en utilise à lui seul 10 %. Lorsque les artères coronaires qui irriguent le cœur sont bouchées par la formation de caillots sanguins, il n’a plus assez d’oxygène pour fonctionner correctement. Si l’obstruction est totale, c’est l’asphyxie. Le flux sanguin est interrompu, le muscle cardiaque, privé de son oxygène, s’abîme. Sans une prise en charge rapide, il finit par s’arrêter.

C’est l’infarctus du myocarde, appelé plus communément  » crise cardiaque « . Le malaise cardiaque est le symptôme de l’infarctus du myocarde : un malaise cardiaque est une situation d’extrême urgence qui nécessite l’appel des secours et une hospitalisation immédiate.

 

À tous les âges, l’infarctus du myocarde se conjugue au féminin

Les croyances ont la vie dure. Dans l’imaginaire collectif, y compris parfois au sein même du corps médical, on pense que ce sont les hommes qui sont les plus susceptibles de faire un infarctus létal. Un homme qui approche la cinquantaine, peu sportif, souvent surmené, avec une mauvaise hygiène de vie (tabac, alcool, alimentation trop riche…) semble être le candidat parfait pour le malaise cardiaque.

Or, l’infarctus du myocarde tue plus de femmes que d’hommes chaque année en France. Sur les 147 000 décès liés à une maladie cardiovasculaire, 54 % sont des femmes. Une femme a 6 fois plus de risques de décéder d’un infarctus que d’un cancer du sein.

À chaque étape clé de leur vie (1re contraception, grossesse, ménopause), les femmes sont exposées à des risques à cause de leur environnement hormonal. Risques accentués lorsqu’on y ajoute de mauvaises habitudes de vie, une tension trop élevée et un manque de suivi médical.

Les femmes ne sont pas assez informées sur les maladies cardiovasculaires. Prises dans le tourbillon qu’est leur vie de famille, sociale et professionnelle, elles sont peu attentives aux signes de fatigue et de stress. Elles ne s’écoutent pas assez et consultent souvent bien trop tard. C’est bien simple, la plupart du temps, elles ne se sentent tout simplement pas concernées.

Ce sentiment d’invulnérabilité couplé à une non prise en charge rapide des symptômes rend l’infarctus féminin plus meurtrier.

Pourtant, c’est loin d’être une fatalité. Un meilleur accès à l’information et une sensibilisation à la prévention éviteraient l’infarctus du myocarde dans 8 cas sur 10. De nombreuses vies de femmes pourraient ainsi être sauvées.

 

La perte de chances des femmes face au diagnostic d’infarctus

Pourquoi parle-t-on de perte de chances pour les femmes ?

Non seulement les femmes n’ont pas conscience que les maladies cardiovasculaires représentent une menace pour leur santé, mais elles connaissent aussi assez mal les signaux d’alerte.

La médiatisation faite autour des signes de l’infarctus du myocarde masculin (forte douleur en étau à la poitrine qui irradie dans le bras gauche et la mâchoire) a brouillé les pistes. Les artères féminines étant plus fines que celles des hommes, les infarctus féminins peuvent provoquer des manifestations différentes. Une femme sur deux, seulement, ressent une douleur à la poitrine quand elle fait un malaise cardiaque.

Les femmes ne prennent pas les signes avant-coureurs au sérieux. Elles pensent rarement au cœur quand elles font un malaise. Les infarctus au féminin sont la plupart du temps associés à une grande fatigue ou à une grosse crise d’angoisse. Ils ne sont pas détectés ou alors trop tard. Les diagnostics sont mal posés et la médication trop légère ou inadaptée.

La méconnaissance des risques et le retard dans la prise en charge entraînent cette surmortalité féminine.

 

Le cœur des femmes en question

Signaux d’alerte, facteurs de risque aggravants et prévention, les femmes doivent tout faire pour prendre à cœur leur santé, et ce, quel que soit l’âge.

Infarctus du myocarde chez les femmes : apprendre à reconnaître les signes

Près de la moitié des femmes de moins de 55 ans qui ont subi un infarctus du myocarde n’ont pas ressenti de douleur brutale à la poitrine, au bras gauche et à la mâchoire. Il est capital de savoir reconnaître les signes spécifiques de l’infarctus féminin pour intervenir au plus vite.

Ces signes sont au nombre de 5 et sont souvent associés :

  • Sensation d’épuisement intense
  • Signes digestifs et en 1er lieu, nausées et vomissements
  • Palpitations cardiaques brutales
  • Douleur aiguë dans le dos, entre les omoplates
  • Essoufflement à l’effort

D’autres signes associés ont été répertoriés grâce à de nombreux témoignages de femmes. Il s’agit de transpiration excessive, de malaises sans perte de connaissance, de sensation d’oppression et d’étouffement au niveau du thorax, de sentiment de stress intense (qui peut laisser penser à une crise d’angoisse ou de panique), de remontées acides de type brûlures d’estomac.

La douleur en étau au niveau de la poitrine reste, bien entendu, évocatrice d’un infarctus ou alors d’un syndrome de tako-tsubo.

 

C’est quoi le tako-tsubo ?

Également appelé syndrome du cœur brisé, le syndrome de tako-tsubo est une forme d’insuffisance cardiaque grave qui s’apparente à l’infarctus du myocarde par ses symptômes. Lié à une charge émotionnelle forte (annonce d’un décès, d’une maladie, rupture…) ou encore à une fatigue intense, il touche les femmes dans 9 cas sur 10. Celles-ci étant plus sensibles aux effets des hormones du stress. En exposant les femmes à une plus grande anxiété et parfois à une plus grande précarité, la crise sanitaire a fait augmenter de manière significative les cas de tako-tsubo. Heureusement, s’il est diagnostiqué et soigné à temps, ses effets sont réversibles.

 

Tous ces signaux d’alerte féminins doivent être pris au sérieux. Surtout, s’ils durent ou se répètent. Le 15 doit être appelé sans délai pour une prise en charge immédiate.

 

Infarctus des femmes : les facteurs de risque

Les facteurs de risque sont les mêmes que pour l’ensemble des maladies cardiovasculaires : pour les connaître, rendez-vous sur notre article :  » Maladies cardiovasculaires : comment les prévenir ? « .

L’âge avançant, le cœur des femmes se fait plus fragile. Soumis aux dérèglements hormonaux, il est moins protégé. Les antécédents personnels et familiaux entrent également en ligne de compte en tant que facteurs aggravants.

Les autres facteurs de risque sont liés au mode de vie. À noter que les facteurs de risque modifiables, tels que :

  • le tabac ;
  • la consommation excessive d’alcool ;
  • l’alimentation peu équilibrée ;
  • le surpoids ou l’obésité ;
  • le cholestérol ;
  • l’hypertension ;
  • certaines maladies chroniques, comme le diabète ;
  • le manque d’exercice, la sédentarité ;
  • le stress.

ont des effets plus importants sur la santé des femmes que sur celle des hommes.

À l’inverse, une bonne hygiène de vie semble bénéfique au cœur des femmes et les préserve mieux des pathologies cardiovasculaires sur le long terme.

 

Périodes clés et prévention : le parcours du cœur battant

Il y a trois grandes étapes dans la vie des femmes pour lesquelles la prévention et la détection des risques sont déterminantes.

La 1ère contraception

Même si les pilules de 3e génération exposent moins aux risques cardiovasculaires, la contraception hormonale chez une jeune femme à risque n’est pas à prendre à la légère. En consultation gynécologique, sont abordées les questions du poids, des antécédents, du mode de vie (activité physique, habitudes alimentaires…), etc. Le tabac ayant des effets délétères couplé à la pilule, il est vivement conseillé aux jeunes femmes d’arrêter de fumer.

Les grossesses

Au moment des grossesses et des naissances, les femmes sont soumises aux variations hormonales, à la prise de poids, à la fatigue qui s’accumule, parfois aussi à l’angoisse de devenir mère et de voir leur quotidien bouleversé.

Les femmes doivent alors faire l’objet d’un suivi particulier et d’un rappel des règles à suivre. Plus le milieu est précaire, plus les femmes sont exposées.

Les maladies cardiovasculaires sont devenues la première cause de mort maternelle, en particulier dans les milieux sociaux défavorisés. Une médecine maternelle préventive, accompagnée d’une surveillance accrue de facteurs aggravants comme l’hypertension artérielle, l’obésité ou encore la sédentarité pourrait éviter 66 % de ces décès (source : 6e rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles pour la période 2013-2015).

La préménopause et la ménopause

L’entrée en préménopause (environ 5 ans avant l’arrêt des règles) et la ménopause constituent des périodes où les femmes sont plus fragiles. L’âge de la ménopause varie selon les femmes, de 45 à 55 ans en moyenne. Elle est induite par la disparition de l’oestradiol, une hormone produite par les ovaires.

Avant la ménopause, les œstrogènes protègent naturellement le cœur des femmes. En dehors des symptômes classiques, tels que bouffées de chaleur, troubles du sommeil et de l’humeur, prise de poids, baisse de la libido, assèchement de la peau… La chute des hormones peut exposer à différentes pathologies, notamment cardiaques. Un suivi régulier de la tension artérielle et un rééquilibrage de l’alimentation (attention au sel, au sucre et au gras à la ménopause !), ainsi qu’une vie active et sans excès sont essentiels après 50 ans.

 

Mesdames, prenez soin de vous et de votre cœur

Sensibilisation, prévention et suivi médical régulier sont les piliers d’un cœur en bonne santé, mais c’est bien votre hygiène de vie qui reste votre meilleure alliée.

Selon le professeur Claire Mounier-Vehier, cardiologue, chef du service de médecine vasculaire et hypertension artérielle à l’Institut Cœur Poumon du CHU de Lille :

 

 » La médecine curative coûte beaucoup plus chère que la médecine préventive. Or, si les femmes stoppent le tabac, apprivoisent le mauvais stress, mangent plus équilibré et pratiquent une activité physique régulière, elles peuvent se prémunir contre les maladies cardiovasculaires. Il faut les informer, les sensibiliser et les responsabiliser. Les femmes ne doivent plus négliger leur santé, c’est un véritable acte citoyen. « 

 

Ses conseils pour mener une vie saine quand on est une femme :

  • bouger au moins 30 minutes par jour ; se lever de sa chaise toutes les deux heures pendant quelques minutes ;
  • manger varié et équilibré dont 5 fruits et légumes par jour ;
  • boire 1,5 litres d’eau tous les jours ;
  • préserver son sommeil, dormir 7 à 8 heures par nuit ;
  • fuir le stress ou le réguler avec des exercices de méditation, de relaxation, de cohérence cardiaque, du yoga. Le stress, qu’il soit chronique ou lié à un évènement particulier, abîme le cœur et fragilise le système immunitaire ;
  • oublier le tabac ;
  • consommer de l’alcool avec modération ;
  • cuisiner soi-même avec des produits frais et de saison ;
  • réduire le sel qui favorise l’hypertension artérielle et la prise de poids : ne pas resaler les plats, faire attention au sel caché dans les plats préparés, privilégier les épices et les aromates pour cuisiner ;
  • supprimer le sucre industriel (boissons sucrées, plats tout faits, gâteaux…) ;
  • apprendre à se limiter et à garder du temps pour soi ;
  • rire tous les jours au moins 5 minutes, cela libère des endorphines et améliore l’oxygénation du muscle cardiaque ;
  • s’écouter, s’écouter et encore s’écouter.

Ces règles simples peuvent vous éviter un infarctus du myocarde et vous sauver la vie. Pensez-y !

 


En résumé, notre infographie :

 

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Pour approfondir les sujets liés à l’hygiène de vie, retrouvez nos articles :

 » Pourquoi pratiquer une activité physique régulière ? « 

 » Maladies cardiovasculaires : comment les prévenir ?  »

Pour en savoir plus

Fédération française de cardiologie

Syndrome du coeur brisé tako tsubo

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