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En milieu scolaire, le harcèlement touche plus de 40 % des élèves. Mais de quoi s’agit-il ?
Le harcèlement scolaire se caractérise par le fait qu’un élève, ou le plus souvent un groupe d’élèves, tourmente systématiquement l’un·e de ses camarades. Cela peut se traduire par le geste, la parole, voire les deux. Au début, c’est « pour rire ». Ensuite, l’intention de nuire apparaît et s’installe. Les humiliations et les brimades succèdent au ton moqueur.
Avec l’effet de répétition et du fait de son isolement, la victime devient anxieuse. Les résultats scolaires sont moins bons, voire dégringolent. C’est un signe avant-coureur. Par la suite, la dépression apparaît.
En France, ce phénomène touche de nombreux et de nombreuses jeunes. Selon l’étude IFOP de mars 2021, 41 % des élèves, de la primaire au lycée, déclarent avoir subi au moins un acte violent répété à l’école. 80 % des victimes ont été brimées durant plus de trois mois. 76 % d’entre elles ont subi un harcèlement de la part d’un groupe d’élèves.
Le phénomène de groupe est une caractéristique essentielle du harcèlement scolaire. Le public est indispensable au l’harceleur ou à la harceleuse qui se sent ainsi valorisé·e.
La difficulté pour les adultes de détecter le harcèlement à l’école est bien réelle : la plupart du temps, le harcèlement a lieu quand ils ne sont pas présents. Les harceleurs n’agissent pas dans la classe ou la salle de cours. Le diagnostic des 6 C, de l’association Marion la main tendue, propose aux établissements scolaires un état des lieux de :
Les zones à risques sont alors identifiées et l’association fait ses préconisations à la suite du diagnostic.
Les caractéristiques suivantes définissent clairement le mode de fonctionnement du harcèlement :
Le harcèlement qui se déroule à l’école peut se poursuivre sur internet. Cela devient du cyberharcèlement.
Le cyberharcèlement est la forme numérique du harcèlement vécu à l’école. Il se distingue pourtant du harcèlement scolaire par les caractéristiques suivantes :
9 ans, c’est l’âge moyen auquel les enfants accèdent à internet. Puis, à l’entrée au collège, vers 11 ans, ils sont équipés d’un téléphone portable. C’est à ce moment essentiel de découverte des outils numériques que l’enfant doit être accompagné. Parents, équipes pédagogiques, les adultes ont un véritable rôle éducatif à jouer.
Pour stopper le harcèlement à l’école, la meilleure solution est celle de la libération de la parole, pour lutter contre la loi du silence et le déni.
Les victimes ne peuvent pas souvent se défendre face à leurs harceleurs. Ces derniers sont plus puissants en caractère et en nombre devant les autres. La victime a souvent le rôle de « bouc émissaire. Le bouc émissaire est la personne que l’on victimise que l’on rend responsable de toutes les fautes. Cette personne présente des différences selon le groupe (physiques, vestimentaires, religieuses, culturelles, …)
Les victimes dénoncent rarement leurs harceleurs par peur d’être davantage humiliées, par peur du jugement des autres. Avec la répétition des agressions, la victime subit un stress chronique.
Si vous pensez que votre enfant est victime de harcèlement à l’école, voici des signes précurseurs d’un grave mal-être :
En premier lieu, parlez avec votre enfant, rassurez-le. Tentez de comprendre la situation, en le laissant se confier. Dans un deuxième temps, contactez la direction de son établissement scolaire.
Des référents « harcèlement » sont mis en place sur tout le territoire, par l’Education Nationale. Ces référents ont pour rôle de vous accompagner afin de trouver la meilleure solution. Vous pouvez contacter votre académie, à un numéro de téléphone dédié.
Les harceleurs se montrent souvent violents et/ou agressifs souvent. Dans certains cas, cela cache de la faiblesse, des peurs, un mal-être. Ils dissimulent leur vulnérabilité. Ils affirment leur pouvoir et leur puissance en humiliant une victime. Plus la situation dure dans le temps, plus la situation paraît “normale”, ils ne ressentent plus de l’empathie pour leurs victimes. Le silence des témoins valide ce sentiment de légitimité. Leur pouvoir apparent peut donner envie à leur entourage de s’associer à eux en prenant également le rôle du harceleur, ou en tout cas, de ne pas se positionner contre eux.
Si vous découvrez que votre enfant agresse régulièrement l’un ou l’une de ses camarades, il vous revient d’agir. D’abord, parlez-lui et essayez de comprendre ce qui l’a amené à se comporter de la sorte. Faites-le parler de ses ressentis et demandez-lui de faire preuve d’empathie en s’imaginant à la place de sa victime.
Nous vous conseillons toutefois de vous faire aider dans cette démarche. Demandez l’intervention de l’équipe pédagogique de son établissement. Avec le soutien d’un médiateur tel qu’un CPE, une personne de l’équipe de direction ou du service social, vous permettrez à votre enfant de prendre la mesure de ses actes.
Finalement, des sanctions seront peut-être nécessaires. Au final, l’objectif de la démarche est que l’enfant comprenne sa responsabilité et le rôle qu’il a pu jouer au sein d’un groupe.
Les témoins des situations de harcèlement sont nombreux. Ce n’est pas évident pour eux d’adopter les bons gestes. C’est une situation délicate. Doivent-ils intervenir aux risques d’être victimes à leur tour ? Pour libérer la parole de votre enfant qui a été témoin de harcèlement scolaire, aidez-le à en parler :
Le harcèlement se maintient car il est soutenu et encouragé par les témoins ou cautionné par leur silence. On peut distinguer 3 types de témoins :
– Le témoin passif. Il ne participe pas directement aux violences, mais il ne s’y oppose pas ou fait semblant de les ignorer. Par peur de devenir victime à son tour, il préfère ne pas attirer vers lui l’attention de l’agresseur.
– Le témoin actif. Il encourage les situations de harcèlement ou y participe. Colportant des rumeurs, s’associant aux moqueries ou à des actes de violence, il veut affirmer son statut et son appartenance au groupe.
– Le témoin agissant. Il intervient seul ou en groupe en défendant la victime et/ou en faisant appel à un adulte.
À l’école, la personnalité de l’enfant et de l’adolescent se forge au contact de ses camarades. Ils sont en recherche de l’affirmation de soi, ils construisent leur propre identité. L’envie de rejoindre le collectif est très forte. Pour mieux s’identifier à leurs camarades, les élèves peuvent se laisser attirer par une dynamique de groupe qui peut parfois renforcer voire créer des situations de harcèlement.
Au-delà du dispositif pHARe proposé par le gouvernement, la communication avec l’enfant ou la responsabilisation de l’élève dans la cadre scolaire sont d’autres moyens de prévenir efficacement le harcèlement et le cyberharcèlement en milieu scolaire.
Le programme pHARe est mis en place par l’Éducation Nationale depuis 2021. Son but : prévenir le harcèlement à l’école et intervenir efficacement.
Le programme pHARe se forge autour de 8 piliers :
En pratique :
À noter : la Journée internationale contre la violence et le harcèlement à l’école se déroule désormais en novembre, depuis 2020. Elle concerne aussi la cause du cyberharcèlement.
Aborder les notions de harcèlement et cyberharcèlement est important dans le développement de votre enfant. Au quotidien, vous pouvez l’aider à développer son empathie, sa compassion, sa force de décision et son avis critique.
Votre enfant peut être victime, mais aussi témoin ou harceleur. S’il ne veut pas en parler avec vous, donnez-lui les contacts à qui il peut s’adresser. Si votre enfant se confie, ne tentez pas de gérer vous-même le problème, ni de contacter l’auteur des faits : cela pourrait aggraver la situation. Vous pouvez prendre rendez-vous avec l’école, ou appeler le numéro 3020 ou le 3018.
La réussite de la lutte contre le harcèlement repose également sur l’engagement même des élèves. Aujourd’hui, la France compte 22 900 ambassadeurs collégiens contre 10 000 ambassadeurs en 2020, formés au repérage des situations de harcèlement, capables d’agir en lanceur d’alertes et éviter ainsi de laisser les élèves victimes isolés. Ils jouent également le rôle de relais avec les élus au CVC ou CVL (Conseil de la vie collégienne et lycéenne) ou avec les adultes.
Leur mission : sensibiliser leurs camarades lors de journées dédiées à la lutte contre le harcèlement.
Leurs actions :
Impliquer les élèves dans le harcèlement entre pairs est déterminant. Cette sensibilisation par les élèves a pour but d’initier un processus de réflexion avec des témoins potentiels et d’éviter le risque de rejet par certains camarades.
Retrouvez ci-dessous tous les contacts utiles qui peuvent vous aider dans la lutte contre le harcèlement scolaire.
Les élèves peuvent s’adresser à leurs parents, mais aussi à un CPE, à leur professeur principal ou alors leur chef de l’établissement.
Appelez le n° vert « Non au harcèlement » : 3020
Gratuit, anonyme et confidentiel,
Du lundi au vendredi de 9 h à 20 h,
Le samedi de 9 h à 18 h.
Si le harcèlement a lieu sur internet, n° vert « Net écoute » : 3018
Gratuit, anonyme et confidentiel,Du lundi au vendredi de 9 h à 19 h.
Vous pouvez aussi télécharger l’application 3018. Elle vous permettra de connaître la situation de votre enfant.
https://play.google.com/store/apps/details?id=org.eenfance.android.app3018
Discutez avec les groupes de parole de l’association Marion la main tendue, sur place, à Paris, ou en visioconférence.